MONTER C’EST GUÉRIR
Sonia Sbolzani
Le terme de « thérapie par la montagne » est apparu pour la première fois dans un article journalistique, en marge d’un colloque consacré à la « montagne et la solidarité », tenu en septembre 1999 à Pinzolo (Trentin). Son créateur est le psychologue et alpiniste Giulio Scoppola de la Asl RmE, lequel élabora avec une partie de ses collègues la définition suivante de la discipline : « une approche méthodologique originale à caractère thérapeutique et réhabilitant, destiné à la prévention secondaire, au soin et la réhabilitation des individus porteurs de différences problématiques, pathologies, handicaps : elle est destinée à se dérouler, à travers un travail sur les dynamiques de groupes, dans un environnement culturel, naturel et artificiel de montagne ».
En d’autres termes la montagne est considérée comme un instrument efficace, non seulement en matière de soins pour les personnes souffrant de pathologies respiratoires, cardiovasculaires, métaboliques, mais aussi pour les personnes affectées d’angoisses, dépressions, psychoses, autisme, schizophrénie et autres troubles de la personnalité.
Ces dernières, intégrées à des projets de groupe qui visent à des expériences en altitude où l’on doit se mesurer avec le mouvement vertical (excursions à pied, ski, escalade etc…), avec la fatigue, la nécessité de s’orienter, avec les rythmes et les limites imposés par l’environnement, les phénomènes atmosphériques, la nécessité d’atteindre un objectif, la responsabilité de sa propre sécurité ainsi que celle des autres, ainsi que l’acquisition systématique de nouvelles connaissances, sont mis en contact avec des réalités tout à fait inédites et, encore plus important, en dehors du contexte propre à la psychiatrie. De cette façon, ayant pris conscience dans leur rapport avec les autres de leur propre
dignité, motivés dans leur découverte du monde et d’eux-mêmes, corps et âme, touchés par la beauté du milieu montagnard, ils s’engagent sur la voie de la récupération de leur propre dimension humaine, ce qui leur permet d’améliorer nettement leur qualité de vie.
On doit toutefois souligner que la thérapie par la montagne ne prévoit en aucune façon l’arrêt provisoire des éventuels traitements médicaux et socio-éducatifs déjà en cours, ayant au contraire tendance à s’y intégrer. Pratiquées dans le cadre du Service Sanitaire National ou dans des structures socio-sanitaires accréditées- en étroite collaboration avec le Club Alpin Italien- les activités de la thérapie par la montagne peuvent compter sur le soutien, fondamental en matière d’information et de promotion, garanti par une association créée ad hoc ( Associazione Montagnaterapia Italiana) et du site internet www.montagnterapia.it , ainsi que du projet Sopraimille (www.sopraimille.it) dont l’animateur est le psychiatre Sandro Carpineta du Centro di salute mentale d’Arco. Parmi les objectifs figure celui d’organiser un réseau en expansion de groupes de travail actifs sur tout le territoire national et de rendre effective les fonctions d’une Coordination nationale, en tant que lieu de convergence idéal et réel pour ces expériences. Nous souhaitons donc que cette reconnaissance du pouvoir hautement transformateur de la montagne incite à de nouveaux résultats bénéfiques pour tout homme, en partant de la prise de conscience que « là- haut » toutes les différences s’annulent, qu’on partage et se soutient mutuellement, qu’on réacquiert une confiance en nous-mêmes, dans nos propres capacités, dans les autres. Ici plus que jamais le fait de monter possède une valeur symbolique. |